Il ne faut pas dire :
« fontaine, je ne boirai pas de ton eau ! »

Pourquoi ? tout simplement parce que nous n’en avons pas d’autre.
Non, remplacer l’eau distribuée au robinet par de l’eau en bouteille n’est pas une solution réaliste. Elle a un coût d’environ 300 fois supérieur et surtout, elle présente les mêmes incertitudes quant à sa qualité.
Dans notre région, l’eau est une ressource gratuite ou presque. Elle est abondante. Et cette abondance nous aveugle : nous en oublions à quel point sa qualité est indispensable à nos besoins les plus élémentaires. Nous en oublions sa vulnérabilité. Quelques molécules en trop et c’en est fini de sa pureté, voire de sa potabilité. Nous le savons, nous, à Geispolsheim qui sommes concernés depuis quelques années par la présence, à des taux dépassant les limites règlementaires, de produits de dégradation d’un herbicide interdit depuis 2020, le chloridazone. Certes, nous sommes au-dessus des normes de potabilité, ce qui a permis à la préfète d’alors de signer un arrêté le 7 juillet 2023 autorisant la poursuite de la distribution de l’eau de notre puits de captage pour trois ans renouvelables. Cette autorisation était assortie de l’obligation pour l’Eurométropole de trouver des solutions afin que des améliorations substantielles soient apportées. Ces mesures correctives sont techniquement complexes à mettre en œuvre et couteuses pour la collectivité. Elles consistent pour l’essentiel à diminuer la pollution en diluant les métabolites, un pis-aller.
Selon l’observatoire de la nappe d’Alsace (APRONA), les normes, les précautions et mesures mises en œuvre depuis une dizaine d’années ont eu pour effet une amélioration de la qualité générale des eaux de la nappe depuis le dernier bilan datant de 2016 : diminution de la concentration de pesticides, meilleure gestion des nitrates. Cependant, la présence de polluants éternels (dits PFAS) et plus particulièrement d’acide trifluoroacétique, a été détectée dans la quasi-totalité de la nappe. Et l’association « Que choisir Bas-Rhin » rapporte la présence de 8 PFAS dans les eaux distribuées par Strasbourg.
Alors ? tous ces efforts doivent être poursuivis. Restons vigilants et exigeants. Demandons des mesures préventives renforcées, une interdiction de la production et des rejets des PFAS, un suivi plus précis de la qualité des eaux et une information de qualité disponible aisément pour tous les citoyens.
02/2025
L’affaire “Stocamine”

Stocamine est le nom d’une entreprise, créée en 1991, dissoute en 2014, originellement filiale de la société des Mines de Potasse d’Alsace (MDPA), dont la raison sociale était de mettre en œuvre le projet, apparu à la fin des années 1980, d’utiliser des galeries de mines de potasse désaffectées pour y stocker, à plusieurs centaines de mètres de profondeur, des déchets toxiques ultimes (classe 0 : arsenic, chrome, mercure … et classe 1 : refioms, amiante, mâchefer … ). Cette contribution présente un historique de ce dossier suivi de quelques réflexions générales sur les enseignements que l’on peut tirer de l’enchainement d’évènements nombreux et variés liés à Stocamine, étalés sur plusieurs décennies.
Pour lire la suite, c’est ICI.
Alerte à la pollution de l’eau du robinet

Mais, un coup de baguette magique de la “fée préfète” et tout rentre dans l’ordre.
Un nouveau cas de pollution par des produits de dégradation (métabolites) d’un herbicide interdit depuis 2020, le chloridazone (considéré comme très probablement cancérigène par l’Agence européenne des produits chimiques) a été révélé par la presse. Le principal métabolite concerné est le desphényl-chloridazone. Les analyses ont détecté des dépassements considérables de la limite réglementaire de concentration de cette molécule (fixée à 0,1 microgramme/litre) : entre 0,11 et 0,29 μg/l et jusqu’ à 0,44 μg/l dans un cas, rendant l’eau théoriquement impropre à la consommation. Les communes concernées, alimentées par des captages dans la nappe phréatique (un à Geispolsheim et deux à Holtzheim), sont au sud-ouest de l’Eurométropole et dans la région de Molsheim, soit environ 30 000 personnes (Achenheim, Blaesheim, Breuschwickersheim, Entzheim, Geispolsheim, Hangenbieten, Holtzheim, Kolbsheim, Oberschaeffolsheim, Duppigheim, Duttlenheim, Ernolsheim sur Bruche).
Face à cette situation, les autorités ont réagi de la même façon que lors de l’épisode précédent concernant les métabolites d’un autre herbicide (S-metolachlore) : ils ont relevé les seuils par décret préfectoral, d’un facteur dix (la limite légale est désormais de 1 μg/l) pour trois ans, renouvelables (nous voilà tranquilles pour un moment !).
Si la nocivité de ce type de molécules pour le vivant (humains compris) est évidente, il est vrai que la question des effets de doses est mal connue. Les études toxicologiques sont difficiles à mener en raison du nombre élevé et de la diversité des molécules concernées (lorsque la dangerosité d’un produit est établie, l’industrie des pesticides en propose dix nouveaux) et des questions liées aux effets des faibles doses sur des durées prolongées, des synergies possibles entre divers types de polluants (effet “cocktail”) et de la pertinence des modèles animaux.
La seule solution qui vaille est le changement de modèle agricole en faveur de l’agroécologie, fonctionnant sans pesticides.
09/2023