Les Dernières Nouvelles d’Alsace publiaient le mercredi 30 novembre un compte-rendu du conseil municipal qui s’était déroulé le lundi précédent. Sur la dizaine de sujets évoqués durant ce conseil, il n’a repris que celui de la subvention à la construction de logements neufs, destinée à éviter une amende du même montant en raison du déficit de la commune en logements sociaux.
Un autre sujet a pourtant été l’objet de discussions, qui à notre sens mérite d’être porté à la connaissance de tous. Celui de la qualité de l’eau. En effet, comme chaque année, il revenait au conseil municipal de prendre acte du rapport 2022 sur le prix et la qualité des services publics de l’eau et de l’assainissement. Nous avions là une bonne occasion d’exprimer notre préoccupation à ce sujet, mais la majorité du conseil a préféré ne pas exprimer de commentaire.

De quoi s’agit-il ? Depuis plusieurs années, les trois captages de notre zone (dite « unité de distribution de Strasbourg Sud ») présentent des taux de résidus de pesticides dépassant « régulièrement la limite réglementaire ». Les dépassements les plus élevés sont relevés dans l’eau des forages de Holtzheim, mais on en trouve aussi dans l’eau du forage de Geispolsheim.

Les pesticides trouvés considérés comme « non conformes » en 2022 sont majoritairement issus d’herbicides utilisés dans la culture du maïs.1

Les résidus de pesticides se retrouvent logiquement dans l’eau distribuée. Entre janvier 2021 et juillet 2022, 18 prélèvements sur 38 présentaient des dépassements de la norme autorisée.2

Afin de permettre une distribution d’eau de qualité suffisante, l’eau la plus chargée en pesticides a été « diluée » avec de l’eau pompée dans un forage moins impacté. Et la préfecture a émis un arrêté le 7 août 2023 « portant dérogation pour la distribution d’une eau ne répondant pas à des limites de qualité réglementaires fixées pour les eaux destinées à la consommation humaine, accordée à l’Eurométropole de Strasbourg et à la communauté de communes de la région Molsheim-Mutzig » (page 51). Par cet arrêté, l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) et la communauté de communes de la région de Molsheim- Mutzig (CCRMM) sont autorisées par dérogation à produire et distribuer, sans restriction d’usages, l’eau en vue de la consommation humaine, dans les communes de l’unité de distribution lorsque la concentration dans l’eau distribuée est supérieure à la limite de qualité réglementaire en vigueur pour le Chloridazone desphényl, le Chloridazone méthyl desphényl et la « somme des concentrations des pesticides et métabolites pertinents quantifiés ».

En somme, pour garder une qualité raisonnable, on dilue et on modifie les seuils réglementaires.

Or nous ne connaissons pas vraiment les effets sur la santé de ces résidus de pesticides ; le principe de précaution invite donc à tout faire pour en limiter la présence dans l’eau de consommation, sachant que nous ne pourrons pas éliminer les pesticides déjà présents mais seulement nous employer à ne pas en rajouter pour les générations futures.

Face à cette problématique, quels sont les moyens d’action de notre municipalité ? La production et la distribution de l’eau sont de la compétence de l’Eurométropole avec pour Geispolsheim une délégation au SDEA (Syndicat des Eaux et de l’Assainissement Alsace-Moselle). Nous pouvons donc 

  • D’une part encourager l’Eurométropole dans sa mise en œuvre des mesures de préservation de la ressource en eaux et appuyer les mesures déjà existantes,
  • D’autre part étudier quelles mesures pourrait prendre la commune, en particulier sur les terres lui appartenant, pour contribuer à cet objectif.

Les élus « Ensemble par nature » ont donc suggéré que soit ajouté à la délibération portant réception du rapport sur la qualité de l’eau de l’Eurométropole une mention exprimant la préoccupation du conseil municipal pour cette altération constatée de la qualité de l’eau. Ils souhaitaient en cela montrer l’importance attribuée au sujet et soutenir l’Eurométropole dans sa politique pour une eau de meilleure qualité.

La majorité du conseil s’est prononcée pour un simple « prend acte du rapport annuel… », sans ajouter la moindre mention complémentaire qui aurait pu exprimer sa préoccupation.

Voter contre eut été un désaveu du rapport que par ailleurs les élus « Ensemble par nature » ne contestent pas. Ils se sont donc abstenus de voter cette délibération, car la santé de nos concitoyens mérite mieux qu’une validation passive !

  1. Il s’agit de
    Chloridazone desphényl
    Chloridazone méthyl desphényl
    Esa metolachlore
    ↩︎
  2. Dans le réseau de cette commune, 38 prélèvement(s) ont été réalisés entre janvier 2021 et juillet 2022. En moyenne, on y teste 33 molécules issues de pesticides par prélèvement.
    18 prélèvements ont révélé des dépassements de limite de qualité.
    Voici les relevés où les plus forts dépassements ont été constatés :
    le 8 septembre 2021 : ESA metolachlore à 0.41μg/L
    le 14 juin 2022 : ESA metolachlore à 0.37μg/L
    le 14 décembre 2021 : Chloridazone desphényl à 0.321μg/L
    le 9 mars 2022 : Chloridazone desphényl à 0.321μg/L
    le 8 septembre 2021 : Chloridazone desphényl à 0.3μg/L
    ↩︎
Catégories : Ecologie

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